Le maréchal Lyautey désigne en 1914 Henri Prost pour établir le plan d’aménagement de la ville de Casablanca. La conception de son plan se basait essentiellement sur les points suivants :
A partir des années vingt, la croissance urbaine avait dépassé largement les limites d’aménagement planifiées par Prost. Le premier véritable plan est établi en 1914 par Henri Prost, traçant les premières formes de la ville, divisée en zones industrielles à l’Est et résidentielle à l’Ouest.
Ce plan se proposait de préserver l’ancienne Médina, de limiter l’extension de la ville à l’intérieur d’un boulevard circulaire (Boulevard de la Résistance) et de ponctuer l’ensemble par de grands espaces publics et des voies de dégagement le long des anciennes pistes qui convergeaient toutes au centre, à l’actuel emplacement de la place Mohamed V. L’application de ce plan a été arrêtée par l’avènement de la première guerre mondiale et n’a été reprise qu’en 1918.
Entre temps, dès 1917, on entamera la création d’une nouvelle ville pour les Marocains, loin du centre (ville européenne) de quatre kilomètres et hors du plan d’aménagement pour, d’une part, endiguer l’extension autour de l’Ancienne Médina (extra-muros) qui menaçait particulièrement les Européens, et d’autre part, stopper l’entrée de nouveaux venus, parmi les Marocains, au centre de ville.
La politique urbaine de la colonisation cherchait à freiner l’extension de l’ancienne Médina, en créant la ville européenne tout autour puis la décongestionner (pour faciliter sa démolition progressive ) par le transfert, à la nouvelle médina, de ses composantes marocaines. Le plan de la nouvelle médina s’est inspiré de la morphologie de la ville arabe (un palais structurant, avec un quartier pour les fonctionnaires du Makhzen, un quartier des commerçants riches et autres, ainsi qu’un quartier des gens du peuple).
En nouvelle médina, la ségrégation socio-spatiale était frappante et sciemment organisée, d’un côté les riches et de l’autre les pauvres, séparés par la percée de chemin de fer. Les riches marocains se sont tournés vers la ville européenne dans une zone (vers le nord), qui servait de tampon entre la masse populaire et l’espace de la ville européenne. Les pauvres étaient rejetés à la périphérie et leurs déplacements vers la ville européenne étaient contrôlés.
La migration des riches marocains vers le nord était considérée comme une migration d’intégration. Par contre, les pauvres, sous la contrainte, ont de plus en plus émigré vers la périphérie. Les deux phénomènes « intégration et marginalisation » répondaient à un objectif de maintien d’ordre et de sécurité des européens.
A partir des années vingt, la croissance urbaine avait dépassé largement les limites d’aménagement planifiées par Prost. Ce premier plan, qui a marqué l’histoire de la ville et son évolution urbanistique, traçait le zoning, la forme radioconcentrique de sa croissance ainsi que les grands traits du zonage actuel.